17/09/2013

Miaw 6 - Aux bouts de moments très longs.

6
Aux bouts de moments très longs.



Au bout d’un moment, très long, Coralie s’arrête et pose la cage au sol. Et attend. Et attend. Et attend. Oui..., mais quoi ? La boite est au bord d'un grand sol tout noir. Dans l’encadrement de la grille, Minette voit de gros objets bruyants qui passent sur ce sol ; qui passent vite, vite, vite, vite, si vite qu’elle n’a pas le temps de comprendre ce que c’est. Pas même le temps de les voir. Elle ne comprend pas. Elle panique, se colle au fond de la cage. Où l'odeur de son ancienne peur l'attaque encore.
Et puis il y a le froid. Elle frissonne. De froid ou de peur... ou des deux ? 

- °M^w^w^w^ô^u^u^u^u^w^w^w^w^w°…
- Ômonpovch’â… Talaijton ? Fopa, tsé? 

Au bout d’un moment, très long, un objet plus gros et plus bruyant que les autres s’arrête devant Minette. Juste devant. Là ; Minette le voit. Pour une fois. C’est alors que la caisse remonte, et puis Minette comprend : elle est en train d’entrer dans l’objet bruyant ! Le plus gros de tous, en plus ! Elle proteste, ne veut pas, griffe la grille, cherche à creuser, à faire un trou, à s'enfuir, mais elle n'arrive à rien ; Coralie ne se soucie pas de son opinion. Comme d’habitude. Mais une surprise pire encore l’attend : il y a une infinité d’humains, là-dedans. Pressés, serrés, compressés. Encore plus nombreux que tout à l'heure. Minette aurait juré cela impossible. Presque tous parlent, certains crient et beaucoup puent. Et soudain, le sol tremble, s’agite, du bruit grave s’ajoute aux autres et tout se met à trembler, tout, tout. Peur !

- °O°o°o°o°o°o°o°o°o°o°o°w^w^w^w^w^w^w°… °ow^w^w^w°… ow° !
- Aixkusaimoaaa, paaaahrdon-mairsi… laaa Minette, soatrankil, laaaa… 

Des jambes d’humains, partout. Des grandes, des petites, des larges, certaines cachées sous des tissus, de toutes les couleurs, d’autres nues et suantes. Elle ne voit que des jambes, des jambes et encore des jambes..., puis la boite cesse d’osciller, est posée au sol. Un humain moins grand que les autres se penche et lui parle. Minette va au fond de la cage, effrayée. Ils sont deux désormais ; Coralie dit quelque chose, une autre humaine parle, et ils s’en vont. Elle voit un humain, assis là, en face de sa cage. Il mange quelque chose qui sent bon ; puis au bout d’un moment, très long, il se lève et part ; un autre humain, jusqu’ici debout, prend sa place, croise les bras et ferme les yeux. Et d’autres humains arrivent. Ils sont si nombreux, si nombreux, tous différents, tous bruyants et presque tous puant...

Minette, désespérée, se demande si le reste de son existence se passera dans cette étroite caisse, à jamais. Et l'odeur de son ancienne peur ne la rassure pas... sauf que... si... à la fin, elle en est sortie ; ça lui revient, ça a une fin ; après, elle était entrée dans l'appartement ; chez elle. Oui, mais là ? Elle y était, chez elle, alors pourquoi cette cage ? Ça n'a pas de sens. Ses souvenirs la tromperaient ? Elle frissonne ; de peur, cette fois, c'est sûr, parce qu'il fait chaud, ici. Trop chaud. Trop de bruit, trop d'odeur et trop de chaleur, sans soleil pourtant.

Au bout d’un moment, très long, pendant lesquels beaucoup d’humains sont partis, remplacés par beaucoup d’autres, la cage descend, sort à l’air libre, quittant le brouhaha puant d’humains. Minette vérifie que Coralie est bien là. C’est elle qui tient la caisse. Minette est un peu rassurée. Très peu. Mais au moins, son humaine est encore là. Elle est dehors, de nouveau. De l’eau tombe d’en haut ; heureusement, Minette est à l’abri. Enfin, elle espère. 
Coralie marche encore. Longtemps. L’eau tombe de plus en plus fort, bientôt si fort qu’on n’entend plus les autres bruits du dehors. Minette déteste l'eau ; ça mouille... Puis elle s’arrête. Attend... Attend... Oui mais quoi ? Soudain, une voix d'humain surgit... de nulle part :

- Wiiiiii ?
- Saimoaman… touvr ?
- Akoraly, saitoa ! Atan… 

Un bruit curieux retentit, puis Coralie parle à la porte :

- Saibhon-mairsi ! 
- °Mou°w^w^w^w^w^w^w^w^w^w°

La porte s’ouvre, Coralie entre. De force, Minette aussi. Mais ça ne lui dit rien de bon. Coralie longe un couloir. Puis son humaine s’arrête. Attend encore. Attend... Mais... attend quoi, par sa moustache ? Au moins..., il n’y a plus d’eau qui tombe. C'est déjà ça.

Soudain, le mur devant Minette s’ouvre. Ils y entrent. Le mur se referme derrière eux. Minette n’aime pas ça, et le précise. Ils sont dans une cage. Minette est dans une cage tenue par Coralie, et Coralie et la cage sont dans une autre cage, plus grande… Il y a une odeur forte, ici. Trop forte. Mais pas celle d'un humain... Coralie place Minette face à un autre chat ; dans une cage, aussi. Minette lui dit bonjour. Coralie rit ; Minette ne comprend pas pourquoi. Puis le mur derrière s’ouvre. Coralie sort. Ce n’est pas le même couloir qu’avant ! La cage s'est ouverte sur autre chose ! Minette ne comprend pas ; elle n’aime pas ce qu’elle ne comprend pas. Elle le précise. Ils arrivent devant une porte. Il y a une odeur forte, derrière. Trop forte. La même que dans la grande cage. Minette n'aime pas ça, oh non, pas ça du tout !


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